mercredi, janvier 18

La mère et la fille

Elle enfanta une fille qu’elle appela religion
Fille qui à sa naissance était pleine de résolutions
***
La mère on la surnommait morale
Sa quête était de faire le bien et non le mal
***
La mère conseillaient les hommes
La fille inventait des axiomes
***
J’ai connu la mère et je l’ai comprise
J’ai connu la fille et je l’ai redouté
***
Je pleure la mort de la mère
Je regrette la naissance de la fille
***
On m’a marié de force à cette fille
Je n’ai pas vu se mettre en place la grille
***
Elle a commencé à me parler de la vie
Et m’a dit il faut que tu l’oublies
Nous irons tous au paradis
***
Je ne pensais plus qu’à la mort
Et considérais la vie comme un tort
***
Je pensais que j’étais fort
Et maître de mon sort
***
La mère est venue à moi en rêve
Elle m’a accordé une trêve
***
Elle a commencé à me parler de leurres
Et m’a dit écoutes ton cœur
Nous aurons tous du bonheur
***
Je n’ai plus pensé à la mort
Et considéré la vie comme un ressort
***
Je me suis retrouvé fort
Et maître de mon sort
***
Je pleure la mort de la mère
Je regrette la naissance de la fille
***

mardi, janvier 17

Déprime qui peut !

Et voilà ça me reprend cette envie d’écrire à la fois viscérale et hésitante, cette envie est comme le noyau d’un fruit qu’on appellerait lassitude. Le week-end a commencé aujourd’hui à 15h, heure laquelle que je me suis réveillé. Je ne sais pas pourquoi le clavier de mon ordi a été plus attirant, peut être parce que j’ai fini par le préférer à la télécommande de ma télé, aux pages d’une revue et à mon téléphone que j’ai pris le soin de décrocher.

J’ai une boule à l’estomac, comme lorsque on approche un examen, un entretien ou un rendez-vous avec une fille. Comment m’expliquer cet état, suis je en train de me passer à moi même un test d’aptitude à la vie normale. Je passe en revue les gens que je connais, famille, amis, collègues, pourquoi je ne suis pas comme tel ou tel, pourquoi je n’ai pas d’enfants, pas de femme, pas de confiance en moi. Je m’estime honnêtement meilleur que pas mal de mes connaissances. Mais je trouve toujours le moyen de m’accuser de tricherie, un peu comme un cuisinier qui décore ses plats sans les faire goûter à quiconque.

Je me sens seul, incompris, las, découragé de tout et surtout flippé du futur, des gens, du lundi que j’entrevoie, du lendemain. Figurez-vous que je vais essayer d’arrêter de fumer demain. J’ai gardé une bonne habitude et à force d’entraînement je pense que je suis devenu le champion du monde toute catégorie confondue Des-Résolutions-Prises-Conscieusement-Et-Jamais-Tenues ». je suis un champion de DRPCEJT. Pas très sexy comme nom de discipline. Ça sonne un peu comme le nom d’une gare provinciale d’une ex-république soviétique.

Le plus surprenant c’est que rien ne laissait présager un tel état. Hier soir j’ai dîné avec une connaissance, un mec que j’ai croisé l’été dernier et qui vient de s’installer dans notre chère métropole. Pour résumer son profil, c’est un néo-populaire qui raconte ses malheurs dans la joie et la bonne humeur. En fait le jeune homme en question a claqué la porte d’une maison familiale bourgoise. Accusé de faire obstacle à des projets paternels d’alliance honorable, il a été déchu de sa filiation à un milieu Beau Con Belle Gourde. Et s’est retrouvé balancé dans la masse. A savoir fins de mois qui s’éternisent, lent transport Du commun, restauration rapide, lecture passionnée des tickets de caisse et des relevés bancaires, la liste est longue et chacun pourra y rajouter son passe temps favori.

Je ne pouvais pas être plus toutes ouies qu’hier soir. Notre rencontre s’est déroulée de 9h30du soir jusqu’à 4h 30 du matin et les statistiques en temps de parole étaient les suivantes : lui 95%, moi 4,5%, le serveur au resto 0,3% (plutôt bavard), le patron du resto 0,1% et le taxi0,1%. Ces statistiques ne tiennent pas compte du silence que je me suis approprié, estimant, après coup, que les quelques moments d’inactivité buccale me revenait légitimement.

Cette machine à parler n’était pas déplaisante, juste curieusement insolite. Je ne me connaissais pas de telles qualités d’écoute mais surtout je ne connaissais pas aux gens de telles qualités de débit verbal.

Cette soirée n’était que insolite et elle n’est en rien lié à mon état du jour, du moins je l’espère parce que le lien serait difficile à trouver et encore plus à déchiffrer et effacer.
Bref, revenons à nos croûtons. Je déguste donc ma mini-déprime, je m’examine dans tous les sens, mais est ce qu’il y a plein de gens qui passent par ce genres de moments déplaisants, assassins, où on est pas vraiment au plus bas mais au milieu de l’échelle de l’humeur. Cet état me fait penser à une petite mort. Loin de moi la prétention de connaître l’au delà. Mais le parallèle que je dresse résulte d’une perception factuelle de la mort. C’est une absence, une immobilité, une tristesse, une perte, etc, …

vendredi, janvier 13

La fille du dimanche

Je ne sais pas comment, mais Cynthia à tout suite vu en moi le don de l’écoute. Elle ne s’est pas gênée pour tout déballer, mais vraiment tout, de son enfance malheureuse dans je ne sais plus quel bled pourri, à la couleur de sous-vêtements qu’elle préfère…C’était un débit régulier avec quelques accélérations –lorsque le sujet lui tenait à cœur-qui me donnaient le vertige. Les histoires étaient aléatoires, je me demandais à quoi elle voulait en venir…ça ressemblait à une chaîne grand public avec des histoires familiales dramatiques de gens que vous n’avez jamais vu, des gens qui disaient tout haut qu’il aimaient le fromage râpé ou qu’ils détestaient la viande de cheval…Mais on s’en fout !!!

Comme un chaîne grand public donc, le carré rouge s’est assez vite mis en place. Accord parental indispensable. Il étaient à mille lieux et nous avions leur bénédiction tacite.

En faisant l’amour avec Cynthia, ou plutôt en baisant avec elle. J’ai eu la vague impression qu’elle me racontait pour la deuxième fois ses histoires, un débit régulier, des accélérations. Cette fois j’ai apprécié le vertige qu’elle provoquait en moi, j’étais loin de m’en foutre de ce qu’elle me racontait sans parler.

Le lendemain matin, j’ai rapidement vu qu’il y avait un corps allongé à côté du mien dans mon lit à une place et demi. J’ai vu passer dans ma tête la bande annonce de notre film de la veille. Une tomate, un cul, une séance de psychanalyse, et une partie de jambes en l’air. Je déteste la discussion du lendemain où on déssoule et où il faut être sois-même pour ne raconter que des mensonges, se donner des faux numéros et se jurer qu’on s’appellerait pour aller au cinéma ou au resto.

Cynthia ma épargné toute cette comédie dramatique en se levant comme en ouragan. Cette fille est la reine des tâches en parallèle, pendant qu’elle s’habillait, elle s’est coiffée approximativement, m’a fait un clin d’œil, s’est regardée dans le reflet de la fenêtre avant de déclarer en courant vers la porte. Il faut que je file, je suis en retard …See Ya !

J’ai béni le dieu de la femme-qui-fait-pas-chier et je me suis rendormi.
Cynthia est devenue la femme du dimanche. Elle venait en fin d’après midi, me racontait plein de conneries, auxquelles je répondais avec des mimiques qu’elle interprétait comme des Ah bon !! Non !! Ah oui ok…Je parlais très peu et généralement je choisissais mes phrases avant qu’elle débarque. La météo est devenue mon sujet de prédilection.

Au bout de quelques semaines il y a eu un lundi férié. Elle s’est réveillée la première à fait le café, rangé le coin cuisine et s’est installée en face du lit. En la voyant debout portant le tee-shirt de ma promo à la fac, j’ai senti que c’était le début de la fin.

- Pourquoi t’as mis ce tee-shirt
- Ben ché pas c’est le premier qui m’est tombé sous la main….si ça te dérange je l’enlève..je ne pensais pas que..
- Tu peux le garder..
- C’est quoi le problème ?
- Quel problème ?
- Ché pas ça à l’air de te déranger…t’es sûr que je peux..
- Je t’ai dis que tu peux le garder..
- Parle putain dis moi c’est quoi..
- Fait chier….je n’ai rien à te raconter…

Elle a balancé quelques noms d’oiseaux, jeté mon tee-shirt par terre, s’est rhabillé et claqué la porte. Tout ça en même temps ou presque.
J’ai maudi le dieu de la-femme-qui-fait-chier et je me suis rendormi. Le dimanche d’après Cynthia n’est pas revenue. J’ai tenu le coup quelques semaines et après je l’ai appelé. Elle est repassée deux ou trois fois, c’était un peu du sur commande, une livraison à domicile, comme si elle me devait quelques chose. C’est peut être le fait de l’avoir écouté, le fait d’avoir retiré ma plainte…Un jour j’ai arrêté de l’appeler. Comme elle travaillait dans un autre bar ça a facilité les choses.

jeudi, janvier 12

Une fille

J’ai laissé Cynthia plantée basculant entre l’abasourdissement et la déception. Ca ne devait pas trop la changer de son quotidien. Je l’ai toujours connue soit abasourdie soit déçue par quelques chose ou quelqu’un.

J’ai connu Cynthia du temps où j’habitais le square Amin Maalouf. Elle servait dans bar en bas de ma chambre de bonne. Notre première rencontre a été assez violente. Elle a fait goûter à mon tee-shirt fetiche- à l’époque j’en avais un aussi - une entrecôte à point avec une sauce au poivre et des légumes. Je l’ai enguelé, elle s’est excusée, je l’ai enguelé, le coup de poing est vite arrivé comme un click de souris, rapide, efficace et précis. Les explications au poste de police étaient tout au contraire, longues, inefficace et floues. J’ai retiré ma plainte et je suis rentré chez moi l’œil bleu, le tee-shirt au poivre et l’esprit las.
Le lendemain Cynthia était en train de me soigner l’œil me laver le tee-shirt et me faire l’amour je demandais pas plus. J’ai bien fait de retirer ma plainte.

Le lendemain de ma soirée au poste de police, Cyntia est venue sonner à ma porte. C’était un dimanche, la journée chiante par excellence. C’est un peu le noël hebdomadaire. Je suis sûr que la plupart des suicides ont lieu un dimanche. Il n’est pas bon d’être seul. Un peu comme nöel. On devrait penser à inventer le père dimanche, tous ces chacals du marketing, ca serait une occasion pour vendre et acheter par la même un créneau horaire où on se sent seul et délaissé par le monde.

- Oui ?
- Je suis venue m’excuser et…pour te remercier…
- Me remercier !
- Ben…tu as retiré ta plainte.
- Bof…
- Je peux rentrer ?
- C’est à dire que…c’est vraiment le bordel.
- T’inquiètes….fais moi un peu voir ton œil

Elle est rentrée dans ma chambre, sans que je ne lui permette quoi que ce soit. Mais qu’est ce qu’elle me veut cette emmerdeu….. j’étais en train de maudire cette journée quand son petit cul s’est mi en premier plan. Et voilà j’étais sous le charme, ou plutôt sous l’emprise du rapport drogué drogue. La drogue en l’occurrence c’est le sexe. Je suis devenu faible. Je savais que j’allais faire des concessions.

- qu’est ce que tu fais là, planté ?
- euh !
- t’as de la tomate ?
- Pardon !
- De la tomate, c’est super pour un œil au berne noir
- Ah bon !! …

Putain je me « débilise » à vue d’œil.. Je me suis dit. Pourquoi je ne la fous pas dehors. Des tomates et puis quoi encore, Des carottes pour soigner le cancer de l’anus.

Elle a ouvert mon frigo, encore une porte qu’elle franchit sans mon autorisation. Et moi j’étais là debout sans rien dire, regardant de profil ses seins et me disant putain réagis, montre que t’es un homme, ou plutôt oublie que t’en es un.
Cynthia je ne sais par quelle magie, ma demandé de m’allonger de fermer l’œil. Comme c’était dur j’ai fermé les deux yeux. Elle m’a enterré l’œil sous une tomate géante. C’était la première fois que je goûtais une tomate avec les yeux c’est ni bon ni mauvais, un peu comme toutes les conneries qu’on voit à la télé.

lundi, janvier 9

Le lendemain

Il est quatre heures du matin, ma tête commence à peser et mon lit me prie de le rejoindre, si je suis capable de faire le déplacement.
A 10 heures du matin je me suis retrouvé au salon dans la même position ou presque, avec une gueule de bois terrible et une envie folle de ne rien faire de la journée. Mon deuxième réveil s’est effectué à 13h. voyant que le sommeil n’a rien fait à mon état de post-ébriété et à mon enthousiasme, je me suis traîné à la douche pour constater encore une fois les bienfaits de l’eau froide.
A 14 heures le téléphone a sonné pour me rappeler le monde réel avec plein de gens qui communiquent ou qui essayent du moins.

- Allô ouais !
- Hola guapo..Esa una bonita de puta de madre
- Adam tu va arrêter ton charabia..je ne comprends rien à ce que tu dis
- La saloppe, je ne te raconte pas…Toutes les positions, absolument toutes..No limit ..
- Tu vas la revoir alors
- Pourquoi !
- Ben ché pas tu viens de me dire que tu t’es éclaté avec elle…
- Et alors ..c’est comme la binouze, elle est bonne mais n’empêche, tu bois, tu rôtes et tu jettes..
- Oh putain !!!! d’accord oublies ce que je t’ai dis ..pourquoi tu m’appelles ?
- Oh le salaud je l’appelle pour avoir de ses nouvelles et regarde comment il me traite. Ca te dis une petite balade, il fait un temps d’enculé dehors..
- Je viens de me réveiller, dés que j’émerge je te rappelle
- Ok patron, bonne émergence et à toute Ciao .
- Ciao..
J’ai connu Adam dans mon ancien boulot, c’était « «le mec du bureau à côté », beaucoup de gens ont gardé ce qualificatif, pour Adam ça a été différent. C’est une des rares personnes à pouvoir supporter mon caractère exécrable et j’en demandais pas plus. Lui c’est l’allègre éternel, il prend tout du bon côté, ses attentes se limitent selon ses propres mots aux trois bonnes « B ». Bonne bourre, bonne bière et bonne bouffe. Le reste il s’enfout et il ne s’emporte pas plus mal.
Depuis que j’ai quitté mon dernier boulot pour mon poste actuel, de programmeur chez microrapt l’une des quelques multinationales qui se partagent le monde, je ne le vois plus pendant la journée. Je ne sais pas pourquoi mais depuis je l’apprécie plus. Il faut dire que nos rencontres se limitent à des soirées dans des bars ou boîtes de nuit et quelques matchs de base-ball à la télé. Des occasions ou l’échange de futilités s’impose en seule possible communication.
J’ai pausé ma tasse de café sur la table basse, allumé une cloppe, et je me suis mis devant la télé. Une petite blonde trop maquillée m’a regardé dans les yeux avant d’annoncer qu’il y avait un pic de pollution en ville et que les automobilistes devait lever le pied un peu.

Le temps de mettre le jean dégeulasse du samedi et de mettre le tee-shirt blanc passe partout j’étais devant mon immeuble en train de scruter le ciel. J’ai trouvé que le ciel était d’un bleu inquiétant….un bleu trop beau, trop pur trop romancé, un peu douteux.

En dépit de mon humeur maussade le temps à réussi à me mettre de bonne humeur, je sifflotais dans la rue je souriais même aux prototypes de cons que je croisais. Au premier coin de rue une petite cocinelle couleur vert pomme a freiné à mes pieds, ma journée a basculé je savais que je venais de passer à coté d’un samedi paisible.

Cynthia a sauté de sa pomme géante pour coincer son nez dans ma poitrine et gueuler Hellooo vieux !!

- Salut cynthia tu vas bien ?
- Petit salaud tu ne m’appelle que lorsque tu as envie de tirer ton coup
- Et pourquoi je t’appellerai sinon
- Pour un salaud t’es un honnête salaud.. mais tu restes quand même un vrai salaud
- Merci je le prends comme un compliment
- Ouais c’est ça
- Bon à la prochaine alors…
- Ca te dirait de boire un café au Moris ?
- Non j’ai rendez vous…une autre fois
- C’est ça une autre fois…

vendredi, janvier 6

Fin de soirée

Moi de mon côté je parlais avec la serveuse, au moins j’étais sûr que je ne risquais pas d’aller trop loin tout en étant en charmante compagnie. Elle s’appelait Irina et venait de débarquer dans notre chère métropole. C’était son deuxième jour de travail et voulait se faire connaître par les clients. Tant mieux pour moi…

A côté Adam a bien fatigué sa proie à force de blagues de mauvais goût et s’apprêtait à lancer le coup de grâce .. « ça te dirait de boire un dernier coup chez moi.. ». Une phrase qu’il ne faut sortir qu’au bon moment d’après ce cher Adam et qu’à défaut de synchronisation on risquait de foutre en l’air tout un plan de jambes en l’air. Voyant la tournure des événements, je savais que je devais attendre le lendemain pour redevenir le vrai pote d’Adam.
Histoire de vérifier la théorie de mon unique pote et sûrement sous l’influence de l’alcool, j’ai fait un signe à Irina . Une fois son oreille gauche à côté de mon unique bouche, je lui ai lancé « Dis moi, ça te dirait de boire un dernier coup chez moi.. »
Elle me regarda toute amusée « ça serait mon premier…mais désolé jamais avec un client », mettant de côté mon vieil instinct de looser je lui répondis tout innocemment « Et bien, je te promets de ne jamais revenir ici.. » . Elle éclata de rire et me répondis que ça serait peut être pour une autre fois…

Sur la route du retour j’ai complètement dessaoulé, je suis redevenu insensible à toutes ces lumières qui illuminait notre maudite ville. Le paysage est redevenu classique, trop classique. Quelques sirènes de police qui poursuivaient des criminels, qui vendaient de la camme à des nanas qui faisaient le trottoir pour une poignée de billets pour faire plaisir à leurs employeurs qui jouaient les indics pour les flics qui faisaient hurler les sirènes de leurs voitures.
Il y avait un clochard tous les cents mètres histoire de ne pas se perdre et délimiter les frontières du monde capitaliste. On pouvait presque répondre à une personne qui voulait se rendre à un endroit particulier…Tu prends le sixième clochard à gauche..

Pour un vendredi soir il n’y avait ni plus, ni moins de monde que d’habitude. Juste ce qu’il fallait pour faire chier les taxis qui gueulaient, le bonheur des pickpockets dans les rares bus de nuits, assurer un max de tune aux bars et aux boîtes de nuit, tous, qu’ils soient IN ou OUT.

La queue entre les jambes, et d’ailleurs je n’aurai pas pu fait autrement, même si ma petite entreprise aurait eu un quelconque succès, je suis rentré chez moi. En allumant la lumière du salon j’ai vu que le témoin de mon répondeur clignotait, ça signifiait que Adam avait appelé discrètement des toilettes de chez lui –comme toutes les fois où il arrivait à mettre un point sur son I- pour crier victoire, et pour décrire en quelques mots ou plutôt en quelques fruits le festin qu’il allait se taper. Il parle souvent de pastèques, de poires, d’oranges de bananes. C’est un vrai passionné des fruits exotiques sous forme humaine.

Je me suis retrouvé au salon, toujours dans mon fauteuil favori, avec mon journal sur les cuisses. Mon poisson rouge me fixa dans les yeux avec son œil gauche pendant un moment avant d’aller tourner autour de la seule plante en plastic de son mini-univers marin.

jeudi, janvier 5

Début de soirée

J’ai pris le combiné et appuyé sur le bouton qui correspondait au seul numéro en mémoire..
- Vieux c’est toi !!, je savais bien que t’allais changer d’avis.
- Dis moi t’es où ?
- Je t’assure c’est vraiment génial…….
- Adam t’es où ?, vraiment génial n’est pas une adresse à ce que je sache…
- Je savais que t’étais un pote tu verras c’est très bien..
- Mais merde, tu veux que je vienne oui ou non, files moi le nom de ce putain bar..
- Ok, ok, ha ha ha !!, toujours pressé ce vieux conard, c’est le Aruba bar, boulevard Philippe djian tu verras c’est ex…
- J’arrive.

Adam des fois me fait vraiment chier, il croit qu’on peut passer sa vie au téléphone, à chaque fois il faut qu’il m’énerve. C’est vrai que c’est mon seul ami, mais quand même trop c’est trop.
Je suis sur le trottoir de mon vieil immeuble. Mon immeuble est digne de l’architecture de ce siècle avec ses constructions en forme inhumaine, de couleur inhumaine et où les humains s’entassent les uns sur les autres. J’ai hélé un taxi et je suis monté dedans en annonçant ma destination de la soirée.
Le chauffeur m’a fait le plaisir de rejouer le rôle du présentateur du journal télévisé. J’écoutais à moitié, mais j’ai quand même retenu que ça allait mal et que c’était la vie. Ca serait pas mal que les infos se résument à ces deux phrases.
Devant le Aruba bar une vingtaine de personnes faisaient la queue. Il suffit qu’il y ait du monde pour prédire que l’endroit est IN. Je commençais à regretter le déplacement. Le gorille de service m’a fait signe et m’a ouvert la porte du paradis. Il a du me confondre avec un illustre inconnu. Tant mieux pour moi. Ce qui est sûr c’est que ce n’était ni mon haleine fraîche ni ma chemise de la veille que je portais qui ont joué en ma faveur.
Au bout de la cinquième bière et du dixième shooter l’Aruba bar commençait à avoir les qualités qu’Adam vantait, tout devenait un peu flou. C’est l’effet qui me plaît dans l’alcool, on ne fait plus attention aux détails, ça arrondit les angles et on perd toutes nos manies d’humains de ce maudit 21ème siècle où le détail prime sur tout, où on juge les personnes selon des critères sortis directement de la dernière revue de mode et où on est soit IN ou alors carrément OUT.
J’étais à mon endroit préféré dans un bar, à savoir au bar. Adam tentait sa chance pour la énième fois auprès de la secrétaire quadragénaire, molle, divorcée à la recherche d’une aventure quelconque. D’ailleurs le terme aventure ne correspond pas vraiment à la situation qui se déroulait sous mes yeux. Il me paraît trop noble pour y être associé. Adam de son côté essayait d’amadouer sa proie qui ne demandait qu’a se faire sauter. Il n’arrête pas de me dire que pour faire craquer une nana il faut la faire rire. Pour ce qui est du rire sa belle créature riait et je ne pense pas qu’elle se forçait. Il aurait pu lui balancer t’es une vraie saloppe elle se serait torchée de rire