vendredi, décembre 30

Kai-Râ..Banlieues de la pensée urbaine d'un cadre travaillant le 30 décembre

En jeans-basket......barbe de deux jours....l'indispensable capuche...l'année commencera ainsi dans des halls communs d’immeubles gris de banlieues moches de belles villes…elle se termine comme ça pour moi dans mon honorable institution financière.

C'est ça être Kai-Râ...un demi dieu..Se prendre pour le maître des lieux, en l'occurrence, dans mon bel immeuble je surplombe, trois étages plus bas, une standardiste..et un vigile mes seuls inconnus compagnons de fin d’année active...

Kai-Râ c'est aussi être seul.....tout le temps..en bande ou en famille ...En face de mon bureau les gens marchent vite sous la neige ..Il faut arriver avant que l’année finisse...un noir a failli se faire écraser par une corsa vert pomme...RACISTE !!!! Un camion de livraison blanc-sale triste croise une petite smart noir chrome ...PROLETAIRES !!!!!...Les japonais fourmillent inlassablement dans la quartier et s'arrêtent immuablement devant la même boutique..EUH !!! HUNTINGTON !!!

Encore de la neige...

jeudi, décembre 29

T-BalBiza

Je ne sais pas ce qui m’a pris. Ce soir là j’étais rentré fatigué du boulot je n’avais pas vraiment envie de sortir. Adam avait insisté pour me conduire dans un nouveau bar qu’il a découvert. Un endroit spécial d’après lui. Il me fait rire avec ses découvertes. Tous les week-end un nouveau resto, un nouveau bar, une nouvelle personne que je devrais nécessairement rencontrer. Bref, Adam était à la quête du nouveau sous toutes ses formes.
En refusant donc cette énième sortie, je me suis trouvé seul dans mon appartement à fouiller dans mes anciennes affaires, et à ouvrir des cartons qui ressemblait plus à des tombeaux égyptiens. C’est là que j’ai redécouvert mon journal. Sur le coup ça m’a fait plaisir et peur à la fois. J’ai complètement oublié ce que j’y avais inscrit. J’étais enthousiaste à l’idée de redécouvrir des souvenirs lointains et anxieux de constater des ambitions et projets que je m’étais fixés, mais qui sont restés lettre morte.
J’ai commencé à écrire ce journal quand j’avais vingt ans pour soit disant fêter mon entrée dans le monde des adultes. Je ne me rappelle pas exactement des circonstances qui m’ont vraiment poussé à commencer un tel projet, ni jusqu'à quel âge j’ai continué à écrire, sauf que ça a duré quelques années……
Assis sur mon fauteuil préféré au salon, avec pour seule lumière celle de mon aquarium. J’ai commencé à feuilleter le journal comme si je voulais lui rendre la vie et me faire pardonner ce long oubli. J’essayais de retrouver des sensations de cette époque révolue…
Je me suis arrêté à l’introduction de la première page « La terre, le 25 juin 1965 ». J’ai refermé le journal et souri sans me rendre compte. Eh !!oui à cette époque j’étais un partisan de la mondialisation, pas dans le sens actuel du terme. Mais plutôt je croyais dans l’Homme, je refusais d’admettre qu’on puisse se déclarer différent en invoquant la race, la religion, la langue, la nationalité…Je pensais qu’on avait plus de similitudes en tant que terriens que des différences en tant qu’individus.
À 35 ans je ne suis pas devenu ni raciste ni nationaliste ni extrémiste. Mais j’ai perdu cette confiance dans l’Homme, je ne défends plus les même idéaux. Je ne sais plus d’ailleurs si je défends encore un idéal quelconque. Ce qui m’a surpris après la lecture des quelques premières pages c’est cette façon d’écrire, à la fois violente et rebelle, Je ne me rappelai pas avoir été aussi critique, aussi rebelle, je ne me reconnaissais pas. Étais-je saint d’esprit pour écrire de pareilles choses. Et pourtant c’est bel et bien mes mots.
Ce saut dans le passé m’a donné le vertige. J’ai pris la télécommande, cet objet qui nous permet de faire le tour du monde grâce à quelques pressions de n’importe quel doigt de la main ou du pied d’ailleurs. Je suis tombé sur le journal télévisé « ….le proche orient, encore une vague de violence…. ». toujours sous l’effet de mon saut dans le passé je me suis rappelé les mots de mon prof d’histoire qui avait dit- et il n’avait pas vraiment tort- « le régime israélien est un régime à deux balles, l’une en caoutchouc l’autre réelle alors que l’autorité palestinienne est une autorité à deux balles ».
Il était 22h, je ne voulais plus rester à la maison j’étais contrarié. Je me suis approché du téléphone en connaissant à quelques mots près la discussion qui allait se dérouler.