mardi, septembre 12

Un soir

Je suis sur le trottoir de mon vieil immeuble. Mon immeuble est digne de l’architecture de ce siècle avec ses constructions en forme inhumaine, de couleur inhumaine et où les humains s’entassent les uns sur les autres.
J’ai hélé un taxi et je suis monté dedans en annonçant ma destination de la soirée. Le chauffeur m’a fait le plaisir de rejouer le rôle du présentateur du journal télévisé. J’écoutais à moitié, mais j’ai quand même retenu que ça allait mal et que c’était la vie. Ca serait pas mal que les infos se résument à ces deux phrases.
Devant le Aruba bar une vingtaine de personnes faisaient la queue. Il suffit qu’il y ait du monde pour prédire que l’endroit est IN. Je commençais à regretter le déplacement. Le gorille de service m’a fait signe et m’a ouvert la porte du paradis. Il a du me confondre avec un illustre inconnu. Tant mieux pour moi. Ce qui est sûr c’est que ce n’était ni mon haleine fraîche ni ma chemise de la veille que je portais qui ont joué en ma faveur. Au bout de la cinquième bière et du dixième shooter l’Aruba bar commençait à avoir les qualités qu’Adam vantait, tout devenait un peu flou. C’est l’effet qui me plaît dans l’alcool, on ne fait plus attention aux détails, ça arrondit les angles et on perd toutes nos manies d’humains de ce maudit 21ème siècle où le détail prime sur tout, où on juge les personnes selon des critères sortis directement de la dernière revue de mode et où on est soit IN ou alors carrément OUT.
J’étais à mon endroit préféré dans un bar, à savoir au bar. Le mec à côté tentait sa chance pour la énième fois auprès de la secrétaire quadragénaire, molle, divorcée à la recherche d’une aventure quelconque. D’ailleurs le terme aventure ne correspond pas vraiment à la situation qui se déroulait sous mes yeux. Il me paraît trop noble pour y être associé. Le mec de son côté essayait d’amadouer sa proie qui ne demandait qu’a se faire sauter.Sur la route du retour j’ai complètement dessaoulé, je suis redevenu insensible à toutes ces lumières qui illuminait notre maudite ville.
Le paysage est redevenu classique, trop classique. Quelques sirènes de police qui poursuivaient des criminels, qui vendaient de la camme à des nanas qui faisaient le trottoir pour une poignée de billets pour faire plaisir à leurs employeurs qui jouaient les indics pour les flics qui faisaient hurler les sirènes de leurs voitures. Il y avait un clochard tous les cents mètres histoire de ne pas se perdre et délimiter les frontières du monde capitaliste. On pouvait presque répondre à une personne qui voulait se rendre à un endroit particulier…Tu prends le sixième clochard à gauche..Pour un vendredi soir il n’y avait ni plus, ni moins de monde que d’habitude. Juste ce qu’il fallait pour faire chier les taxis qui gueulaient, le bonheur des pickpockets dans les rares bus de nuits, assurer un max de tune aux bars et aux boîtes de nuit, tous, qu’ils soient IN ou OUT.

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